Focus métier : La sécurité au cœur de l’événement

Wednesday 03 April 2019
Focus métier : La sécurité au cœur de l’événement

Quelle que soit la nature de la manifestation, nous, agences événementielles devons nous poser certaines questions incontournables pour assurer la sécurité des participants. Dès qu’il y a du public, interne ou externe, il y a des consignes à respecter : issues de secours, dégagements, nombre de chaises maximum autorisées, normes non-feu… Rencontre avec Antoine dit Tonio, notre régisseur technique depuis plus de 15 ans.

Antoine, quelles sont les consignes de sécurité à respecter lorsqu’on reçoit du public ?

À partir du moment où l’on reçoit du public, il y a de nombreuses consignes à respecter : le nombre et l’accessibilité des issues de secours, les dégagements horizontaux, l’effectif, donc le nombre de chaises, et du mobilier qui doit être aux normes non-feu.

Les normes non-feu sont extrêmement importantes, et pour chaque type de mobilier utilisé, il faut que le prestataire délivre un PV (procès-verbal) de réaction au feu.

Pour ce qui est du mobilier, il faut faire également attention à la disposition. Par exemple, sur une rangée, les chaises doivent être attachées entre elles, et respecter une certaine distance entre l’allée de devant et celle de derrière. Tout simplement pour qu’en cas de mouvement de panique, les chaises ne volent pas dans tous les sens et bloquent les passages et les issues de secours.

Généralement, nous laissons un minimum de 45 cm entre chaque rangée de chaises.

Tu parles des issues de secours, mais combien d’issues de secours pour combien de personnes ? Y a-t-il une règle ?

Le plus petit établissement qui reçoit du public doit contenir au minimum 2 issues de secours.

Puis, les issues se calculent selon plusieurs critères, qui sont le nombre de personnes attendues (de 0 à 19 pax, de 20 à 499 pax, de 500 à 999 pax, de 1000 à 1500 pax…), la surface du bâtiment, l’accessibilité et les unités de passage.

Quelles sont les normes non-feu à respecter ?

Il existe différentes normes non-feu selon l’inflammabilité, allant de M0 à M4, M0 étant la classification comprenant les matériaux incombustibles, et M4 les matériaux facilement inflammable (papier, polyester…).

La catégorie M1 (combustible mais ininflammable) concerne tous les matériaux ignifugés, et c’est cette classification que nous devons utiliser en grande majorité pour les décors, rideaux ou autres matériaux. Nous devons donc travailler avec des prestataires dits « du métier » : par exemple, les loueurs de mobilier ne proposent que du mobilier classé M2, M3, M4 ; à l’inverse, les chaînes grand public ne vendent pas de mobilier catégorisé M… donc attention ! Même si c’est beau, oublies IKEA (rire).

Concernant les techniciens et les personnes que nous employons sur les événements, outre le Code du Travail, de quoi devons-nous nous assurer ?

Pas de surprises ici, nous sommes censés appliquer le Code du Travail !

Mais il faut aussi s’assurer que chaque employé ait en sa possession des EPI, des Equipements de Protection Individuelle, comme des gants, des chaussures de sécurité, des casques…

Chaque employé doit avoir des habilitations spécifiques : pour pouvoir toucher à l’électricité, ou conduire un chariot élévateur par exemple.

Cela, l’agence ou l’organisme qui organise l’événement doit s’en prémunir et le faire apparaître dans les contrats et les documents validant la collaboration entre le prestataire et l’agence ; au même titre qu’ils doivent être sous contrat ou facture, le fait que les partenaires aient leurs EPI aux normes, et qu’ils sont au fait des normes d’hygiène et de sécurité en vigueur dans le territoire doit apparaître dans ces documents.

Est-ce qu’un événement peut se faire contrôler ?

Eh oui ! Une fermeture administrative peut être appliquée par le Préfet si les normes de sécurité ne sont pas respectées dans un hôtel ou une salle de spectacle.

En fait, en amont de l’événement, la commission de sécurité doit être préalablement avertie. Elle va émettre un avis, favorable ou défavorable, mais ce n’est qu’un avis consultatif, qui se base sur toutes les normes de sécurité que nous avons évoquées.

Une fois cet avis émis, c’est le Maire qui est responsable et qui doit signer ou refuser l’ouverture, selon l’avis de la commission de sécurité, en gardant en tête que cela engage sa responsabilité.

Est-ce que les règles sont les mêmes pour la France que pour l’international ?

Non, chaque pays a ses propres règles, et c’est ce qui rend la chose difficile pour les agences comme nous qui travaillons à l’international. Mais c’est vraiment la France qui est la plus pointue, suivie de près par l’Angleterre.

C’est dans les années 1980 que la France a décidé d’instaurer un bon nombre de règles et de normes de sécurité. Cela faisait suite à la catastrophe survenue dans la boîte de nuit à Saint Laurent du Pont. En fait, la boîte de nuit avait installé aux entrées mais aussi aux sorties des tourniquets. Elle a pris feu, mais il y avait trop de monde, et trop peu d’issues de secours et de sorties, qui étaient en plus obstruées par les tourniquets ! Depuis ce jour-là, c’est draconien !

Alternative : Y-a-t-il eu d’autres incidents de ce genre qui aurait poussé la législation à se durcir ?

Oui, je pense à deux événements effectivement… Le premier est le match de foot Bastia-Marseille, en 1992, où les gradins remplis de monde se sont effondrés.

La deuxième est le concert de Madonna. Il intervenait après le concert, d’un autre artiste. Là, les techniciens semblent avoir choisi la facilité et préféré gagner du temps en gardant les mâts, sur lesquels ils ont monté leur propre structure, qui n’était pas compatible. C’est tombé… Il y a eu un mort, un technicien.

Ces incidents ont eu le bénéfice d’accroître la sécurité dans les ERP, et c’est pour cela qu’en 20 ans de dossiers (et de respect de la législation !) nous n’avons eu aucun problème !

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